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De mon point de vue.

On a parfois besoin d'écrire ses états d’âme, son avis ou son point de vue. Ce blog est fait pour ca en tout cas. Ah oui au fait, je m'appelle Romain, employé d'une illustre souris, bientôt la trentaine et une dégaine de bra****r...

Peur.

Qui n'a jamais entendu quelqu'un proclamé fierement : "J'ai peur de rien !" ? C'est toujours amusant d'entendre ce genre de trucs. Il fut un temps, j'ai cru ne plus avoir peur de rien, vous savez ce moment où vous arrivez enfin à completement annihiler vos peurs d'enfance parfaitement stupides. En général cette phase intervient à la sortie de l'adolescence, on est presque adulte mais on est encore chez papa et maman alors c'est clair que les angoisses infantiles non plus vraiment de raisons d'exister.

J'étais un petit garçon extrêmement peureux et impressionnable. J'avais une peur bleue de plein de trucs stupides genre... hum... genre... bon ok ca semble parfaitement stupide... j'avais une peur bleue des limaces. Tout ca parce que lors d'une promenade en foret avec, si je me souviens bien, mes parents, ma soeur et des amis de la famille, ma chère et tendre soeur hurlait à chaque fois que notre route croisait celle d'une de ces petites masses gluantes au couleur vives ou non. Je devais avoir genre 4 ans et mon cerveau d'enfant avait du analyser la réaction exagérée de ma soeurette comme une menace ou un danger. C'est plutot mignon mais c'est un truc qui m'a pourri la vie assez longtemps, genre je ne pouvais plus bouger quand je voyais un de ces gastéropode (je sais même pas si elles appartiennent à cette famille), chaque promenade en foret était une vraie torture pour moi par crainte de croiser le moindre limaçon. Bon bien sur j'avais peur de truc un peu plus raisonnable genre les orages, les démons des escaliers (enfin plus genre les monstres de Doom 2 qui pouvaient éventuellement apparaitre et me poursuivre lorsque je montais un escalier la nuit), les orties (j'avais fait un cauchemar avec des orties géants)... Bon la liste va être trop longue, je vais m'arrêter là.

Bref, puis vint la fin de tout cela, on grandit, on analyse et on se rend compte que tout cela est pas très sérieux. Alors ce fut l'age de l'analyse et du pragmatisme. Vous savez quand on a vers 18 ans, qu'on se croit plus malin que le monde et qu'on se proclame chevalier sans peur. C'était un peu la bonne époque, on est invincible, on se forge des convictions et on lutte contre l'ignorance et les croyances aléatoires des autres. On fait son petit bonhomme de chemin, on progresse jusqu'à un certain point.

Je dis pas que tout ce qui monte finit toujours pas redescendre, mais tout âge d'or a une fin. Plus on veillit, plus la vie se charge de nous faire reprendre conscience de certaines choses. La perte de proches par exemple. Je sais que c'est une épreuve relativement courante, mais tant que l'on est pas confronté à la maladie et à la mort (Brrrrrr, sans être un tabou, ca reste un mot dur à sortir), on ne sait pas ce que ca fait. Fin de l'invincibilté, l'effet de l'étoile jaune bondissante comme dans Mario s'arrete et la vie reprend sa musique normale. Mais le soucis c'est qu'on garde sa capacité d'analyse, et là, on se rend compte de la douleur de perde un être cher. Ma réaction a été celle de n'importe qui, j'ai commencé a avoir peur pour tout mes proches. C'est un truc qui ne me lachera jamais je pense. J'ai jamais été fan des appels téléphoniques, mais désormais quand mon téléphone sonne et que je vois le nom d'un de mes proches ou de quelqu'un de qui je n'ai pas eu de nouvelles depuis longtemps, ma gorge se serre jusqu'aux premiers mots rassurants. Mais bon, je ne sais pas si on peut considérer ca comme une peur ou quelque chose de normal, pour moi c'est un peur dans le sens où je ressens physiquement ce sentiment. J'ai vraiment du mal à montrer aux gens que je m'inquiete pour eux, ca doit pas mal amplifier mon ressenti.

La dernière chose qui a vraiment créer une peur chez moi, et pour beaucoup je pense, a été les attentats de Paris du 13 Novembre 2015. Je bossais ce soir là, et je ne me suis pas vraiment inquiété quand un de mes collègue m'a dit qu'il se passait un truc en marge du match de football au stade de France. Connaissant la facilité qu'on les médias d'en faire des tonnes, je me suis dit que c'était surement des supporters qui faisaient les cons avec je ne sais quels fumigènes ou autres trucs dans le genre. Puis les informations se sont enchainés et la j'ai commencé à me sentir faible, un peu comme Yoda quand il ressent les effets de l'ordre 66, il y avait une perturbation dans mon monde de logique. Je suis rentré en vitesse, et j'ai fait comme tout le monde en suivant les évènements à la télévision. J'étais terrorisé, en colère, je ne comprenais pas (et je ne comprend toujours pas) ce qu'il se passait. J'ai fini par me coucher vers 4 heures du monde, hagard et détruit. Les jours qui suivant furent difficiles, mon employeurs étant resté fermé pendant 4 jours je tournais en rond, je me disais "Merde, je suis déjà allé voir ce groupe, j'aurai pu être la-bas... et si... et si... et si..." des "et si..." qui ont commencé à me faire douter, la vie de mes proches m'importaient beaucoup plus que la mienne mais je me suis rendu compte que la perdre serait... gênant... terrifiant. C'est comme ca que j'ai construit un nouveau mur de peurs autour de moi, des peurs d'adulte sur le même schéma que celle de l'enfance, on braque son attention sur quelque chose et on se fige, on ne sait comment réagir. J'ai fait comme avec les limaces, sauf que la j'évitais Paris, je minimisais les risques en sortant pratiquement plus dans des endroits publiques, j'allais au travail avec la même boule au ventre qu'avant un sortie en forêt sous un temps humide. Sauf que l'impact n'a pas été comparable, j'ai mis ma vie entre parenthèse pendant quelques mois. C'est dur d'assumer qu'on est faible quand le monde se veut fort. Bien sûr j'ai garder assez de sang-froid pour ne pas tomber comme certains dans le piège des trompettes alarmantes de la facho-sphère. Mais moi qui avait essayé de bannir les peurs, je vivais en plein dedans.

L'eau a coulé sous les ponts, j'ai fini par me sortir de cette mélasse d'angoisse et de peur. Ca n'a pas été facile mais quand on analyse, on se rend vite compte que ca ne vaut pas le coup de s'arreter de vivre pour une poignée de cinglés. La vie a repris son cour normal, c'est plus facile d'accepter que tout ne tourne pas rond partout mais que l'on est pas en danger permanent pour autant. Bien sûr qu'il est présent, mais il y en a tellement d'autres plus grands. Le plus flippant dans tout cela, ca a été l'isolement que je me suis imposé. Et quand j'ai realisé que ce dont j'avais vraiment peur c'est de perdre ma place auprès des miens, amis, familles et autres que j'ai revu mes priorités. Nos limaces changent avec l'âge, mais elle sont toujours là, tapies sous une feuille d'ortie, alors il faut savoir vivre avec elle, même si elles sont dégoutantes

Cordialement.

 

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